Mettre la technologie au service des enfants atteints de dyslexie et de dysorthographie : l’entreprise québécoise Aleo VR souhaite implanter des jeux en réalité virtuelle dans les classes. Ses fondateurs estimant qu’il s’agit d’un excellent outil complémentaire aux méthodes traditionnelles pour aider les enfants DYS de primaire, à lever leurs difficultés en français. Présentation.
Les atouts de la technologie pour les enfants DYS
Directrice de création et cofondatrice de l’entreprise Aleo VR, Catherine Bazinet a 25 ans : « à sept ans, j’ai reçu des diagnostics de la belle brochette : dyslexie, dysorthographie et TDA [trouble déficitaire de l’attention] »[1].
« Au début, c’était à la vieille méthode, avec papier et crayon. J’ai vraiment observé une évolution. Au primaire, j’ai eu accès à un dictionnaire électronique et, plus tard, j’ai pu utiliser un ordinateur pendant mes évaluations. Franchement, c’est grâce à la technologie que j’ai réussi à me rendre jusqu’à l’université », précise-t-elle encore1.
Soucieuse d’aider les enfants DYS à se mettre au même niveau que les autres, elle a fondé Aleo VR en 2020, avec sa grande sœur, Caroline, qui a vécu de près son cheminement, et deux anciens camarades de classe, Alexis et Charles, avec qui elle a travaillé sur ce projet de réalité virtuelle.
Les vertus pédagogiques de la réalité virtuelle
Même si l’impact de la réalité virtuelle sur les élèves en difficulté d’apprentissage doit encore faire l’objet de recherche, le professeur Jonathan Bonneau du Laboratoire de recherche en médias socio numériques et ludification, sait déjà que « cette technologie permet d’apprendre plus rapidement, parce qu’elle emprunte au jeu vidéo. Elle permet de faire oublier l’environnement d’apprentissage. On oublie qu’on est à la maison ou à l’école. On est immergé dans un nouvel univers qu’on peut s’approprier, ce qui peut mettre l’élève en confiance. » 1
Aujourd’hui, Aleo VR offre une solution « clé en main » avec des casques de réalité virtuelle, un jeu et un logiciel pour mesurer les résultats des élèves dyslexiques et dysorthographiques. Elle est vendue dans les cliniques d’orthopédagogie et à des écoles de la province du Québec.
La Vallée du Yéti pour les dyslexiques et dysorthographiques
À l’heure actuelle, la plateforme Aleo VR ne propose qu’un seul jeu, baptisé « La Vallée du Yéti ». D’une durée de 15 minutes, il est adressé aux enfants dyslexiques et dysorthographiques entre 7 et 12 ans.
Il traite de la confusion visuelle entre certains logatomes ou graphèmes : l’orthopédagogue Myriam Gagnon le propose à ses patients qui confondent les lettres B, D, P et Q. Elle « l’utilise souvent en guise de récompense. Le fait d’intégrer un monde de réalité virtuelle permet aux enfants de se relaxer, de travailler leur lecture et leur écriture, sans la relation émotionnelle négative qu’ils peuvent entretenir avec d’autres exercices », souligne-t-elle1.
Le ministère de l’Éducation du Québec veut allouer plus de 1,2 milliard de dollars sur 5 ans au virage numérique des écoles. Mais pour le moment, Aleo VR espère déjà obtenir davantage de financements pour développer des jeux et les propager…
En France, alors que l’écrivain Pierre Lemaître reproche encore l’insuffisante prise en charge par l’Éducation nationale, des troubles DYS, des initiatives et des innovations émergent d’acteurs privés pour tenter de faire bouger les lignes, à l’image du cahier numérique Cantoo Scribe.
[1] Source : https://www.ledevoir.com/societe/education/778139/education-des-jeux-de-realite-virtuelle-pour-des-eleves-avec-des-difficultes-en-francais
