Hauts potentiels : des dispositifs rares et peu inclusifs – DYS-POSITIF
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Hauts potentiels : des dispositifs rares et peu inclusifs

À l’image des enfants atteints des troubles de l’apprentissage pour l’écrivain Pierre Lemaître, le système scolaire n’est pas adapté aux élèves dont le QI dépasse la moyenne. S’estimant tous « en décalage », les hauts potentiels souffrent, subissant le poids des minutes en classe et les parents sont rarement enchantés par ce diagnostic… Les rares établissements publics s’avèrent peu inclusifs et les solutions privées, réservées aux ménages à haut revenu…

Les enfants à haut potentiel souffrent dans le système scolaire classique

La lassitude des hauts potentiels en classe

Si le diagnostic d’individu à haut potentiel est important, il n’est pas vécu de la même manière par tous les adolescents : certains ont pourtant l’impression d’être moins intelligents que la moyenne, sans capacités particulières ; d’autres y voient, enfin, une explication à leur ennui, mais ils souffrent de l’incompréhension des autres (harcèlement, solitude…).

Contrairement à ce que l’on peut penser, être en avance n’est pas un faux problème : nombreux sont ceux qui ressentent une grande lassitude, source de problèmes de comportements, pour certains ou d’ennui, voire de dépression, pour d’autres…

Comme en témoigne l’expérience de Clarence, 14 ans : « En CE2, j’ai fait une dépression. Je n’avais pas d’amis, je m’ennuyais en classe et j’ai dit que je voulais mourir. On m’a fait passer le test. J’ai sauté une classe, c’était un peu mieux, mais mes amis m’ont harcelée. Quand j’avais une bonne note, on disait : “C’est facile pour toi.” »[1]

L’errance des parents face au système scolaire

Avoir un petit génie à la maison n’est pas forcément une source de satisfaction et de fierté, pour les parents. À la recherche uniquement de leur bonheur, beaucoup se heurtent à un système scolaire inadapté, pour répondre aux besoins de leurs enfants et leur permettre de s’épanouir.

Souvent, les hauts potentiels rencontrent des difficultés à l’école : principalement à cause de l’ennui, ils se dispersent, s’agitent ou au contraire, se perdent dans leurs pensées… Imaginez-vous un adulte suivant les cours de CP ! Par ailleurs, sans le goût de l’effort et du travail, ils se heurtent à leurs limites : au début, ils ne font aucun effort pour apprendre, mais arrivés à un certain niveau scolaire, cela ne suffit plus, pour assimiler des connaissances…

Sans évoquer la dyssynchronie, qui touche beaucoup d’enfants à hauts potentiels : si leurs compétences langagière, d’abstraction et de raisonnement, sont généralement supérieures à la moyenne, ils peuvent avoir des difficultés dans d’autres domaines, comme l’écriture

Des écoles à haut potentiel peu inclusives

Dans l’académie de Paris, des écoles ont choisi de dédier des classes aux individus à haut potentiel, à l’image de la seconde d’Emile-Dubois, qui accueille 18 élèves sélectionnés sur dossier, avec un QI supérieur à 130 et des difficultés d’adaptation scolaire.

Toujours dans l’académie de Paris, il existe aussi des collèges qui mêlent ce public à d’autres troubles comme les TDAH ou la dyspraxie et bénéficient d’un dispositif d’intégration, pour élèves à haut potentiel (DIEHP). Dans ces établissements, les adolescents jouissent d’ateliers, d’un tutorat régulier ou de projets culturels pour les « nourrir »…

Force est de constater que ces modèles d’enseignements ne sont pas très inclusifs… Sans compter que s’il existe des dispositifs pour les élèves en situation de handicap, avec ULIS ou avec un QI associé à des troubles (Dieph), il n’y a rien pour les hauts potentiels, sans troubles et sans problème de scolarité.

Pour ceux-ci, il n’y a que des réponses dans le secteur privé, à l’image de l’établissement Georges-Gusdorf du 14e arrondissement de Paris, qui accueille les hauts potentiels, de la CP à la terminale, à partir de 8 700 € par an

Pour Margot, 15 ans, « l’éducation nationale manque de bienveillance, et nous étouffe à coups de devoirs en plus ». Pour elle, il faudrait déjà qu’elle « cesse de considérer les hauts potentiels comme des bêtes de foire ou des hypersensibles pleurnichards. On n’est, ni supérieurs, ni inférieurs aux autres, juste un peu différents »[1]


[1] Citation : https://www.nouvelobs.com/societe/20230105.OBS67948/a-l-ecole-des-hauts-potentiels-j-ai-l-impression-d-etre-un-pokemon.html

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