Dyspraxique, Pierre Lemaître trouve l’école inadaptée ! – DYS-POSITIF
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Dyspraxique, Pierre Lemaître trouve l’école inadaptée !

Lauréat du prix Goncourt 2013 pour son roman « Au revoir là-haut », Pierre Lemaître est dyspraxique depuis sa plus tendre enfance. Dans une interview à L’Obs[1], il explique les difficultés et les souffrances scolaires et l’impérative nécessité que l’école s’adapte aux troubles DYS et non l’inverse. Retour sur les reproches de l’écrivain sur leur insuffisante prise en charge par l’Éducation nationale.

Pour le dyspraxique Pierre Lemaitre, l’école d’aujourd’hui n’est pas adaptée aux enfants DYS.

Pierre Lemaître, écrivain et dyspraxique

Né le 19 avril 1951 à Paris, Pierre Lemaitre a suivi des études de psychologie, avant de travailler dans la formation professionnelle des adultes. Autodidacte en littérature, il vit de sa plume à partir de 2006, intervenant dans Le Magazine Littéraire, chaque mois. Aujourd’hui, il doit sa renommée à son roman « Au revoir là-haut » qui lui permet de décrocher le prix Goncourt en 2013. Il sera adapté au cinéma par Albert Dupontel en 2017.

En janvier 2023, il se confie lors d’une interview à L’Obs sur sa dyspraxie, ce handicap invisible qui est « fréquente et touche 5 % à 7 % des enfants de 5-11 ans » selon l’Assurance-Maladie. Sans compter qu’elle se conjugue souvent avec d’autres troubles de l’apprentissage comme la dyslexie, la dyscalculie ou encore la dysorthographie.

Les troubles DYS, sources de souffrance scolaire

Pour mieux comprendre ses difficultés, Pierre Lemaître vous invite à écrire avec votre autre main. Au-delà des efforts consentis pour obtenir un résultat lisible, une autre difficulté s’ajoute dans le milieu scolaire : le jugement implacable des enseignants qui méconnaissent la dyspraxie. Sans compter que cela ne couvre, ici, qu’une partie du trouble : le problème de coordination touche aussi d’autres aspects de la vie quotidienne, comme nouer ses lacets ou couper sa viande…

Comme la dyspraxie est diagnostiquée tardivement, la souffrance de l’enfant s’installe : il est taxé de négligence ; « quand son cerveau est épuisé, il lâche prise, on ne le trouve pas très travailleur ; il fait autre chose, on le trouve dilettante ; il rend un devoir qu’on trouve bâclé, on pense qu’il se moque du monde ; cognitivement fatigué, il devient hypersensible au bruit, on trouve qu’il en fait des tonnes », précise Pierre Lemaitre.

Comme le rapport au temps est perturbé, il fait l’objet de réprimandes constantes, le poussant à adopter une attitude nonchalante pour se protéger… Et comme certaines choses lui sont inaccessibles (attraper un ballon, sauter à la corde, faire du vélo…), il est victime de harcèlement scolaire.

Le cadre stéréotypé et rigide de l’école

« À l’école, ce que vous ne savez pas écrire ne compte pas », explique Pierre Lemaitre. Pire, il y demeure des stéréotypes culturels hautement préjudiciables au garçon : « une fille qui travaille mal en classe, c’est anormal, on s’inquiète, on investigue, on finit par diagnostiquer. Un garçon, c’est différent, ses mauvais résultats sont attribués à un esprit frondeur. Chez un garçon, c’est normal, on attend “qu’il s’y mette !” », rappelle-t-il.

Mais, même lorsque le diagnostic est posé, le système éducatif n’est pas prêt pour les enfants atteints de troubles DYS : « l’école part du manuel, au lieu de partir de l’enfant. Tous les enfants doivent donc faire le même parcours au même âge, et dans le même temps. Ils doivent… s’adapter », déplore Pierre Lemaitre.

Un système éducatif inadapté aux enfants DYS

« Le système est incapable de considérer l’échec scolaire autrement que comme la faute de l’enfant et non la sienne ». Même s’il existe des aménagements et des accompagnants, c’est toujours à l’enfant de s’adapter… Face à la souffrance scolaire de leur enfant, certains parents décident de les déscolariser, mais cela ne se fait pas sans une bonne dose de culpabilité…

« Si l’on prend un peu de recul sur le sujet, que de souffrances, que d’inégalités, que d’injustice ! C’est d’autant plus dommage que les DYS, rompus à l’art du contournement, sont extrêmement imaginatifs. Pour trouver des solutions, ils sont surentraînés ! Ce sont des champions de la transgression, transgression sans laquelle il n’y a pas de progrès. Ailleurs que chez nous, ils sont parfois très recherchés. Quel gâchis, non ? », conclut-il…


[1] Source des citations de l’article : https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20230105.OBS67935/dans-la-vie-d-un-enfant-dyspraxique-par-pierre-lemaitre.html

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