Dyslexie, dyscalculie, dyspraxie, dysphasie, dysorthographie ou dysgraphie, les troubles DYS engendrent des difficultés qui ont un impact sur le cursus d’un individu, mais aussi sur sa vie quotidienne. Résolument durables, ils sont souvent tus pour ne pas trop interférer dans le monde professionnel. Pourtant, le cerveau si particulier des DYS peut s’avérer un atout, une force…

Un cerveau en « mode solution »
Lorsque le diagnostic tombe (généralement en élémentaire ou au collège), les enfants DYS apprennent à développer des stratégies de compensation, visant à amoindrir les symptômes de leur trouble.
Ce mécanisme construit des cerveaux qui sont constamment en « mode solution » et plutôt créatifs. Au fil des années, ces enfants devenus adultes sont « outillés » pour faire face : ils développent des aptitudes et des compétences qui sont très recherchées dans la sphère professionnelle.
Par exemple, ils sont traditionnellement résilients, ils appréhendent le monde avec beaucoup d’empathie, avec une intelligence émotionnelle, forgée tout au long de leur parcours. Parmi les softskills des DYS figurent aussi le pouvoir du collectif et le sens du travail en équipe, potentiellement attractif pour toutes les structures.
Sur le terrain, la difficulté reste de mettre en lumière ces talents et de les reconnecter à l’employabilité des DYS… à moins de choisir le chemin de l’entrepreneuriat comme Jocelyne Pineau.
Une orthopédagogie dyspraxique, Talent BGE 2024
Atteinte de dyspraxie visuospatiale, Jocelyne Pineau a des troubles du regard et de la représentation de l’espace. Si les signes étaient là, elle n’apprend son handicap qu’au diagnostic posé sur l’un de ses fils. Passé le choc, tout s’éclaire sur son parcours professionnel plutôt chaotique…
Après 4 années de cessation d’activité et d’introspection, elle se destine au métier d’orthopédagogue, afin de révéler le potentiel de ses clients, leurs talents et de les aider à retrouver l’estime d’eux-mêmes. Pour son installation, elle bénéficie des conseils de BGE et d’une aide financière de l’Agefiph qui accompagne les personnes ayant le statut de « personne handicapée ».
Lancée en octobre 2023, Jocelyn Pineau s’installe à domicile, aménage son emploi du temps pour intégrer la fatigabilité liée à son trouble. Son premier exercice se conclut par un résultat légèrement au-dessus de son prévisionnel.
L’entrepreneuriat, un chemin professionnel pour les DYS ?
« Se remettre en question, être créatif, c’est ça être entrepreneur », pour Jocelyn Pineau. Or, il s’agit de mécanismes initiés intuitivement chez les DYS depuis leur plus jeune âge, qu’ils aient ou non été diagnostiqués.
Le saviez-vous ? Ingvar Kamprad a lancé son entreprise à l’âge de 17 ans : patron dyslexique d’IKEA, il est aujourd’hui l’un des hommes les plus riches du monde. Mais cet exemple n’est pas isolé, puisqu’on peut également citer Steve Jobs ou encore Steven Spielberg.
Avec leur capacité à simplifier le complexe, les dyslexiques sont également passionnés et curieux, ils sont de bons communicants et font d’excellents leaders. Mais plus largement, les DYS aiment défier le statu quo : ils aiment changer les choses, étendre le champ des possibles, apportant une perspective nouvelle et intuitive. Des qualités et des atouts essentiels pour l’entrepreneuriat.