De nature persistante, la dysphasie est un trouble du langage qui se répercute sur le bon fonctionnement du langage oral et écrit. Les manifestations de ce handicap sont extrêmement variables et rendent complexes leur énumération. Toutefois, la méthode des jetons semble faire l’unanimité, pour compenser certaines de leur difficulté, en permettant à l’enfant dysphasique de visualiser les phénomènes syntaxiques. Présentation.
Quelles sont les grandes difficultés des enfants dysphasiques ?
Anomalie congénitale rare, la dysphasie touche traditionnellement 5 aspects du langage oral : la phonologie (perception du son), la morphologie (la compréhension de l’écrit), la syntaxe (ordre et construction des mots), la sémantique (sens des mots) et la pragmatique (sens des mots et utilisations dans différents contextes).
Particulièrement difficile à diagnostiquer, la dysphasie n’exprime, en aucun cas, un défaut d’intelligence. La plupart des personnes atteintes manifestent un réel désir de communiquer, malgré leur handicap. Comme tous les autres troubles DYS, il n’existe pas de traitement pour en guérir, mais il est possible de développer des stratégies de compensation, avec le concours de professionnels (orthophoniste, ergothérapeute, psychomotricien…).
Qu’est-ce que la méthode des jetons ?
Parmi les stratégies de compensation disponibles pour les enfants dysphasiques, figure la méthode des jetons, développée par une orthophoniste, Brigitte de Becque et un enseignant spécialisé dans ce trouble, Stéphane Blot. Le principe consiste à symboliser les mots, les notions catégorielles et les règles de fonctionnement de la langue, par des jetons de couleurs.
Progressive, la méthode consiste à débuter avec des phrases simples (sujet, verbe, complément) telles que « Ma fille aime les poires ». Sous chaque mot, l’enfant dysphasique place un jeton jaune. Puis, lorsqu’il est capable de repérer le verbe de la phrase, il remplace le jeton jaune par une pastille rouge sous le verbe, couleur qui désignera désormais les verbes. Lorsqu’il parvient à identifier le nom, il place un jeton bleu dessous, qui symbolisera désormais cette catégorie de mot. La méthode se poursuit avec d’autres couleurs, pour les adjectifs et les déterminants, le jaune demeurant sur les classes inconnues…
Sur cette base, il est tout à fait possible d’accompagner les progrès de l’enfant, avec le déploiement d’autres solutions : une barre bleue, pour souligner le groupe nominal, une gommette sur un jeton bleu, pour marquer les noms propres, une barre rouge, lorsque le verbe est constitué de deux mots, etc.
Quels sont les apprentissages facilités par cette approche ?
Utilisée pour les enfants dysphasiques, la méthode des jetons permet de travailler des notions complexes, sans utiliser « l’étiquette » habituelle, qu’ils peinent à retenir. Elle s’adapte aisément au niveau de langage de l’enfant et à ses besoins. Elle peut également servir d’intermédiaire entre les pictogrammes et les mots écrits. Accessible même auprès d’enfants non-lecteurs, elle permet de manipuler les phrases, avant le passage à l’écrit, en travaillant la segmentation, indispensable pour certains enfants, avant d’aborder la grammaire.
À noter que la méthode des jetons est aussi préconisée pour les enfants dyslexiques, afin d’améliorer l’orthographe grammaticale.
