Également appelée « Trouble spécifique du développement du langage oral », la dysphasie est une anomalie congénitale rare. Difficile à déceler par conséquent, son diagnostic est d’autant plus difficile dans la mesure où les personnes touchées ne sont généralement pas idiotes. Bien au contraire, elles sont souvent d’une intelligence qu’on qualifierait facilement de « normale », et elles manifestent réellement le désir et la volonté de communiquer malgré leur problème.
La dysphasie touche généralement cinq aspects du langage oral :
- La phonologie, c’est-à-dire la perception du son de la parole ;
- La morphologie, c’est-à-dire la compréhension de la parole écrite ;
- La syntaxe, c’est-à-dire la maitrise de l’ordre des mots et de la construction des phrases ;
- La sémantique, c’est-à-dire la compréhension du sens des mots ;
- La pragmatique, c’est-à-dire la compréhension du sens des mots et leurs utilisations dans divers contextes.
Notez que tout problème d’élocution n’est pas forcément dû à une dysphasie. On parle de trouble dysphasique lorsque la personne touchée présente à la fois des troubles du langage, des troubles de la perception du temps et des troubles sociaux.
Votre enfant présente des problèmes de communication verbale ? Découvrez les symptômes de la dysphasie…
Dysphasie symptome : les troubles de langage
En cas de dysphasie, les troubles du langage commencent à faire surface dès l’âge de deux ans. Ils se manifestent souvent par des problèmes au niveau :
- De l’expression du langage ;
- De la réception du langage ;
- Et de la syntaxe.
La dysphasie expressive
La dysphasie est jugée premièrement par la capacité de production orale de l’enfant, c’est-à-dire à son aptitude à s’exprimer à voix haute. Normalement, à deux ans, un enfant devrait réussir à aligner plus de quatre mots et devrait être capable de dire des phrases courtes certes, mais significatives. Cette aptitude naturelle à la parole est déficiente chez le dysphasique qui, en règle générale :
- À du mal à faire correspondre un son à une lettre et encore moins à un mot ;
- À un vocabulaire très limité, d’où des difficultés constantes à trouver le mot qui convient à un contexte ou à une situation ;
- À une fâcheuse tendance à utiliser des mots plus simples en substitution à des mots ou des expressions complexes ;
- À des difficultés à dire des phrases correctes tant dans leur structuration que dans leur sens, d’où un discours illisible et souvent atypique ;
- À du mal à s’exprimer normalement sans hésitations ni pauses, d’où un discours souvent haché et entrecoupé ;
- À des difficultés à formuler oralement ses idées, ses pensées ou ses réflexions ;
- À tendance à négliger l’utilisation des mots de liaison et des déterminants ;
- À tendance à utiliser des phrases courtes.
Dans la vie quotidienne, la personne dysphasique n’est pas du tout à l’aise lorsqu’il s’agit de raconter des histoires et ressent de grandes difficultés à formuler des demandes verbales.
La dysphasie réceptive
La dysphasie réceptive correspond à l’incapacité de la personne à comprendre le langage des autres. Généralement, celui qui en souffre peine à comprendre les informations transmises et :
- À un vocabulaire restreint, ce qui ne le permet pas de comprendre ce que disent les autres ;
- À des difficultés à comprendre les mots au sens figuré, le message est souvent compris au sens propre du terme ;
- À du mal à comprendre les phrases longues et complexes, en particulier les consignes et les ordres ;
- À du mal à comprendre les notions abstraites comme le temps et l’espace ;
- À quelques difficultés à faire la différence entre les mots et les mots questions comme où, quand, comment, etc.
Dans la vie quotidienne, les personnes souffrant de ce déficit au niveau de la compréhension de l’oral sont perçues comme des gens qui n’ont aucun humour parce qu’ils n’arrivent pas à saisir la portée ou le sens caché d’une blague. Ils peuvent également être vus comme ayant un sarcasme douteux.
La dysphasie syntaxique
La dysphasie peut également avoir des impacts sur les capacités syntaxiques de sa victime. Généralement, en cas de dysphasie syntaxique, la personne :
- À des difficultés à produire des phrases correctes, car elle manque cruellement de vocabulaire d’un côté, et parce que ces déviances syntaxiques sont trop nombreuses d’un autre.
- Adopte un discours « télégraphique » et subséquemment, parle très peu ;
- À tendance à mélanger l’ordre des mots dans ses phrases et à confondre les mots proches.
Symptôme de dysphasie : les troubles de la perception du temps et de l’espace
Dans la majorité des cas, les enfants dysphasiques présentent également un déficit au niveau du repérage temporel et de l’orientation spatiale. Incapables de réaliser une représentation de leur schéma corporel, ils ne peuvent pas imaginer et bien moins situer leur corps dans l’espace, ce qui rend difficile toute planification de la direction des mouvements. Et il en va de même de son positionnement dans le temps. En conséquence, un enfant dysphasique peut :
- Avoir du mal avec les vocabulaires relatifs au temps passé et futur, malgré une bonne connaissance en conjugaison ;
- Avoir des difficultés à se détacher de la routine et à s’adapter aux changements ;
- Avoir du mal à maitriser les concepts de dimension (vertical, horizontal, diagonal…) ;
- Avoir une tendance à inverser certaines lettres comme « b et d », « p et q »…
Dysphasie symptomes : les troubles sociaux
La dysphasie est régulièrement associée à des troubles sociaux dans la mesure où elle impacte directement sur l’instrument principal de la communication dont l’être humain dispose : la parole.
Certes la communication non verbale a aussi son importance et est d’ailleurs considérée comme une compensation efficace, car plus de 80 % de ce que nous exprimons passe déjà par notre corps. Néanmoins, le langage corporel ne suffit pas. Dans certaines situations, parler devient vitale ou demeure le moyen le plus rapide de se faire comprendre. Lorsque la parole fait défaut, il y a frustration et souffrance forcément.
Fournir des efforts considérables pour communiquer, pour se faire comprendre et pour comprendre les autres peut amener l’enfant dysphasique à s’isoler, à cesser toute tentative de communication, à se mésestimer et à réagir de manière exagérée à certaines situations.
Ces difficultés de communication peuvent se manifester de manières diverses chez le dysphasique, selon son âge et le degré de sévérité du trouble.
Chez le nourrisson
La dysphasie peut se manifester par :
- Un retard dans l’expression : babillement, gazouillis, réflexe de Moro… le bébé anormalement silencieux ;
- Une absence de réaction au bruit, à la voix ou à tout autre stimulant de son entourage ;
- Une émission de sons peu mélodieux pendant toute tentative de communication orale.
Chez l’enfant
Chez l’enfant, les troubles de communication peuvent se manifester par :
- L’absence de tentative de communication, voire un comportement asocial ;
- Le regard évitant et l’adoption régulière de postures anormales ;
- La logorrhée qui se traduit par le besoin constant et incessant de parler, de communiquer ;
- L’écholalie qui se traduit par le besoin de répéter les derniers mots dits par un interlocuteur ;
- Le retard de langage : incapacité à dire « papa » ou « maman » à 18 mois, l’incapacité à dire des petites phrases correctes à 24 mois et l’adoption de langage inintelligible à 36 mois.