Enfant dyslexique et langues étrangères : possible ou impossible ? – DYS-POSITIF
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Enfant dyslexique et langues étrangères : possible ou impossible ?

enfant dyslexiqueComme tous les autres élèves, l’enfant dyslexique devra apprendre une seconde langue. Et là, c’est la panique ! Le doute s’installe dans l’esprit des parents, ce qui est tout à fait normal en passant, et les sempiternelles questions se posent : va-t-il y arriver ?

C’est vrai, il a déjà du mal avec sa langue maternelle, comment va-t-il faire pour assimiler une langue tout à fait inconnue et qui, par-dessus le marché, n’est pas la sienne ? Est-ce seulement possible ? Et si tant est que cela soit possible, quelle langue serait le plus adaptée ? Comment choisir entre les langues vivantes proposées ?

Dyslexie et langues étrangères : pourquoi est-ce si difficile ?

La dyslexie est causée par une déficience au niveau de la zone cérébrale qui permet l’apprentissage du langage. Autrement dit, l’enfant dyslexique aura des difficultés à acquérir et à apprendre une langue, quelle qu’elle soit : sa langue maternelle ou une langue étrangère.

L’étude menée, en 2001, par l’INSERM sur trois langues européennes : le français, l’anglais et l’italien, le prouve ! Car elle a mis en évidence la similarité des mécanismes d’apprentissage de la langue ainsi que les dysfonctionnements cérébraux y afférant chez les enfants souffrants de dyslexie. Qu’ils viennent d’Italie, de France ou d’Angleterre, soumis à un test, ils présentent tous le même résultat concernant le déficit de la mémoire à court terme.

Pour l’enfant dyslexique en conséquence, apprendre deux langues, c’est fournir deux fois plus d’efforts…

Deux langues, deux systèmes phonologiques…

Disons les choses comme elles sont : l’enfant dyslexique peine à maitriser son système phonologique. Dans la mesure où ce n’est pas la langue en elle-même qui en est la cause, mais bien son cerveau, les choses ne seront pas différentes pour la nouvelle langue, quelle qu’elle soit !

Sauf que les efforts fournis seront doublés, voire plus, car au lieu d’un seul, il va devoir apprendre à maîtriser un autre système phonologique qui, en plus, est totalement différent de celui qu’il a encore du mal à acquérir depuis son enfance.

Autant vous le dire, apprendre une langue étrangère va être difficile pour lui surtout si le contraste phonémique entre la langue maternelle et la langue cible est important. Entre la langue japonaise et la langue française par exemple, les contrastes phonémiques sont « l » et « r ». Voilà pourquoi, il sera plus difficile pour un Japonais, dyslexique ou non, d’apprendre le français !

Deux langues, deux images lexicales…

Rappelons également que la mémoire visuelle et auditive de l’enfant dyslexique est déficiente, ce qui explique en grande partie pourquoi il n’arrive pas à se souvenir et donc à reconnaître sa propre langue.

L’apprentissage d’une autre langue va impliquer qu’il doive également se souvenir d’une deuxième image auditive et visuelle, et ce, malgré les difficultés qu’il rencontre déjà avec sa langue maternelle. Car il va devoir mémoriser visuellement et phonologiquement deux noms pour un seul objet, deux mots pour designer quelque chose… tout est à multiplier par deux !

Et les choses seront encore plus compliquées lorsque viendra le moment d’écrire étant donné l’incapacité du dyslexique à associer un graphème au phonème qui lui correspond ! Apprendre une langue étrangère, il faut l’admettre, ne va donc pas être un jeu d’enfant pour lui !

Deux langues, deux concepts…

enfant dyslexique et langues étrangèresC’est sans doute la plus grande contrainte de l’apprentissage d’une langue étrangère que l’enfant dyslexique va rencontrer : le concept !

Chaque langue a effectivement ses spécificités et les concepts qui la régissent. Ses derniers peuvent avoir des similarités, mais dans la majorité des cas, ils sont différents. Pour apprendre une nouvelle langue, l’enfant normal devra avoir la capacité :

  • De traiter plus rapidement les informations opérantes ;
  • De maitriser un double système linguistique conceptuel ;
  • D’adapter ses mouvements articulatoires aux besoins de la nouvelle langue ;
  • De faire la différence entre deux messages distincts.

Or, dans la majorité des cas, l’enfant dyslexique présente au moins deux déficiences au niveau de l’une de ses capacités, et ce, avec sa seule langue.

Apprendre une langue étrangère : difficile… mais pas impossible !

Alors oui ! La dyslexie va rendre l’apprentissage d’une seconde langue, étrangère de surcroît, difficile pour l’enfant concerné. Mais cela ne signifie pas que l’apprentissage en lui-même sera voué à l’échec. Il peut tout simplement présenter un retard d’acquisition, plus ou moins léger ou grave selon la sévérité de ses symptômes, par rapport aux autres élèves non dyslexiques.

L’étude menée par l’INSERM a révélé que si certaines conditions pédagogiques, environnementales et linguistiques étaient réunies, un enfant dyslexique pourrait tout à fait apprendre une deuxième langue, voire une troisième !

Les conditions d’apprentissage

Les conditions dans lequel l’enfant va être amené à apprendre la langue étrangère sont cruciales, car l’environnement dans lequel il va évoluer va jouer un grand rôle dans la manière dont la langue sera apprise.

On peut ainsi distinguer trois types de situations d’apprentissage d’une deuxième langue :

  • La submersion : l’enfant va apprendre la langue cible dans un établissement scolaire où celle-ci est utilisée comme la langue officielle, c’est-à-dire parler.
  • L’immersion : l’enfant va apprendre la langue dans son établissement scolaire comme une deuxième langue vivante, au même titre que les autres élèves de sa classe. Il pourra donc utiliser sa langue maternelle en dehors des cours de LV2.

Une question de langue : laquelle choisir ?

Toutes les langues peuvent être répertoriées dans deux classes bien distinctes :

  • les langues régulières
  • les langues irrégulières

Les langues régulières englobent toutes les langues dont la correspondance graphème/phonème est simplifiée et univoque, c’est-à-dire que chaque son correspond plus ou moins à sa graphie. Encore plus simplement, on peut dire que chaque lettre, syllabe et mot est écrit comme on l’entend ! Un son ne peut être écrit de manière différente, il correspond à une seule lettre. Voilà pourquoi, les langues régulières sont donc plus faciles à apprendre, mais surtout à lire !

Les langues irrégulières sont celles dont la correspondance graphème/phonème est complexe, car elle n’est pas du tout univoque. Chaque son peut être écrit de plusieurs façons différentes, ce qui rend non seulement l’apprentissage difficile, mais également la lecture et l’écriture !

Il est donc préférable pour l’enfant dyslexique d’apprendre une langue étrangère régulière.

Enfant dyslexique et langues étrangères : anglais, allemand, espagnol ou italien ?

dyslexie et langues étrangèresQu’est en-il de l’anglais ? L’anglais est une langue irrégulière particulièrement difficile ! Avec 1120 graphèmes pour seulement 40 phonèmes, c’est la langue étrangère que l’on déconseille le plus aux enfants dyslexiques !

L’allemand et l’espagnol sont moins compliqués, mais ils nécessitent une bonne connaissance grammaticale, compétence qui fait défaut à l’enfant dyslexique, en particulier s’il souffre également de dysorthographie. Par conséquent, il faut bien réfléchir à la question et s’assurer que ces langues sont adaptées aux difficultés de l’enfant avant de sauter le pas !

S’il y a bien une langue étrangère recommandée aux enfants dyslexiques, c’est l’italien. Pourquoi ? Avec seulement 33 graphèmes pour 25 phonèmes, c’est la langue régulière la plus facile qui soit ! L’étude menée par l’INSERM a d’ailleurs démontré que même si les dysfonctionnements cérébraux étaient tous les mêmes, les enfants Italiens avaient eu un meilleur résultat en test de lecture que les petits Français et Anglais !

Dyslexie: comment aider un enfant dyslexique ?

 

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