Les enfants vivant avec une dysphasie sévère peuvent souffrir quotidiennement de leur handicap. Sachant pertinemment ce que l’on attend d’eux mais souvent incapable d’y réponde, indépendamment de leur volonté, ils vivent presque toujours avec un sentiment de frustration grandissante qui ne fait qu’accentuer leur trouble.
Mais même s’ils sont du mal à communiquer et à exprimer ce qu’ils pensent et ressentent, les enfants dysphasiques n’ont pas que des défauts ! Malgré la dysphasie, ils sont intelligents, vifs et pourraient même vous étonner !
Pour mieux comprendre votre enfant dysphasique et mieux le gérer, nous vous invitons à découvrir ses faiblesses, ses atouts et ses besoins !
Dysphasie sévère, qu’est-ce que cela implique ?
La dysphasie est un trouble de l’apprentissage qui se manifeste par une difficulté durable et persistante à communiquer, et ce, en l’absence de tout trouble psychique, psychologique, pathologique ou intellectuel.
Des problèmes de communication et de compréhension
Si votre enfant est dysphasique, il est très probable qu’il ait du mal à s’exprimer, tant à l’oral qu’à l’écrit. Il n’est donc pas taciturne et bien moins asocial lorsqu’il ne répond pas à une question ou lorsqu’il ne participe pas à la discussion, il peut tout simplement avoir du mal à exprimer ses avis, ses idées et même ses besoins !
Dans cette optique, il peut également avoir des problèmes de compréhension, en particulier lorsque les messages et les informations sont transmises de façon non-verbale. Il peut ainsi avoir du mal à comprendre les consignes de son devoir, l’énoncé d’un problème et bien moins le contenu de sa leçon. De même qu’il peut ne pas saisir les affirmations à double sens ainsi que les blagues.
Il est possible ainsi que sa compréhension des concepts soit également erronées : il peut ne pas être capable de généraliser une idée ou une représentation. Si en classe, on parle de la tenue du cahier, il peut automatiquement penser à un cahier en particulier, sans penser que les consignes données concernent tous ses cahiers. Si on parle de chien, il fera automatiquement référence à son animal de compagnie à lui, sans pouvoir comprendre qu’il peut s’agir de tous les chiens en général.
Des problèmes d’attention, de mémorisation et de raisonnement
L’attention de l’enfant souffrant de dysphasie sévère se focalisera presque toujours sur sa frustration : son incapacité à communiquer ! Dans la majorité des cas ainsi, il se montrera incapable de se concentrer sur autre chose que sur ce qu’il a envie de dire, sans y arriver. Il peut aussi arriver que lasser de cette hyper concentration sans résultat, il se déconnecte totalement de l’activité en cours pour s’intéresser aux stimuli extérieurs.
Il en résulte des difficultés de mémorisation majeures, en particulier si les informations données oralement sont longues, complexes et manquent de clarté. Il peut également démontrer un manque total de raisonnement analogique, c’est-à-dire qu’il peut avoir du mal à faire la différence entre deux éléments ou deux activités similaires, mais avec différents intervenants. Comme compter des pommes et compter des billes par exemple.
Dysphasie sévère : qu’en est-il de ses qualités ?
S’il est vrai que la parole est le premier signe d’intelligence, les enfants dysphasiques ne sont pas pour autant des enfants idiots ! Bien au contraire, ce sont des petits êtres particulièrement intelligents, dont les compétences à l’écrit ont étonné plus d’un enseignant !
Ce sont par ailleurs des enfants très sociales, contrairement à ce que les manifestations de leur trouble peuvent laisser penser. Leur frustration vient surtout du fait qu’ils ont justement envie de communiquer, de dire ce qu’ils pensent et d’exprimer leur besoin ou leur soutien. Ils sont ainsi beaucoup plus coopérants que la plupart des enfants et plus tard, peuvent devenir d’excellents collaborateurs.
Et cerise sur le gâteau, ce sont de fins observateurs. Puisqu’ils sont quasiment et constamment « condamnés au silence », les enfants dysphasiques compensent en regardant et développent ainsi un grand sens de l’observation. Une qualité qui valeur servir dans bien des domaines quand il sera adulte.
Quels sont les besoins d’un enfant souffrant de dysphasie sévère ?
L’enfant dysphasique a, avant tout, besoin de comprendre et par la suite d’être compris. Il a besoin de comprendre pourquoi ses camarades de classe, qui ont le même âge que lui, semblent ne pas avoir du mal à parler, alors que lui, tâtonne difficilement entre les mots. Il a besoin de savoir que ce n’est pas de sa faute s’il est différent et que, malgré tout, il est tout à fait possible de vivre avec son handicap.
Il a également besoin d’être compris. Etre parent d’un enfant qui souffre de dysphasie sévère n’est évidemment pas facile, mais notez bien que si c’est difficile pour les adultes qui le gèrent, c’est dix fois pire pour lui, qui voudrait être autonome. Votre compréhension, votre patience et votre persévérance en toute circonstance est donc vital pour son épanouissement personnel et son estime de soi.
Les prises en charge à envisager
Les symptômes de la dysphasie sévère ne vont pas disparaître du jour au lendemain, contrairement au retard d’apprentissage langagier. Si vous ne réagissez pas, ils vont au contraire persister et s’aggraver ! L’enfant dysphasique a donc également besoin d’être pris en charge.
Comment ? Selon les recommandations de son médecin, il peut avoir besoin :
- D’une rééducation orthophonique intensive et longue ;
- D’une consultation psychothérapeutique s’il a développé des troubles relationnels et/ou comportementaux ;
- D’une rééducation chez l’ergothérapeute s’il présente également des difficultés au niveau praxique et graphomotrice ;
- D’une reconnaissance de la MDPH si les symptômes du trouble ont un impact majeur sur sa vie quotidienne et le prive de certaines activités.
A noter que la reconnaissance de la MDPH peut lui faire bénéficier d’une prise en charge plus complète ainsi que de la mise en place de mesures d’accompagnement scolaire plus adaptée à son handicap. Il peut également lui faire profiter d’une allocation financière visant à rendre sa vie pratique plus confortable, comme la mise à disposition d’outils informatiques pour faciliter la communication par exemple.
Pour en savoir plus ce sujet et pour connaître les démarches à suivre pour une reconnaissance de la Maison Départementale des Personnes Handicapées ou MDPH, lisez cet article : « Trouble de l’attention : pensez à la reconnaissance MDPH ! »
Cet article pourrait également vous intéresser : « Tout sur le PPS ou « Projet Personnalisé de Scolarisation » ! »