Un enfant médiocre, paresseux et qui ne s’implique pas… Lorsque l’enfant dysorthographique n’est pas reconnu et pris en charge, ses étiquettes lui colleront constamment au front. On lui reprochera tout le temps ses fautes récurrentes et malheureusement flagrantes, surtout s’il semble ne pas avoir tant de difficultés lorsqu’on ne le force pas à écrire !
Chez un enfant dont le niveau intellectuel semble normal et qui ne souffre d’aucune lésion sensorielle ou motrice, la dysorthographie se manifeste par des difficultés majeures, durables et persistantes dans la transcription du langage écrit.
Elle se traduit par un trouble structurel et développemental qui empêche le concerné de maitriser et d’assimiler les règles de l’orthographe, ce qui conduit à une altération de l’écriture, et ce, qu’elle soit spontanée ou dictée ! Elle s’explique généralement par un déficit :
- Au niveau de la conversion phonème et graphème ;
- Au niveau de la capacité à segmenter les composants d’une phrase ;
- Au niveau de l’assimilation et de l’application des règles orthographiques ;
- Au niveau de l’assimilation et de l’application des règles grammaticales.
Comment déceler la dysorthographie ?
Un enfant qui écrit comme un pied n’est pas forcément dysorthographique, de même si ses productions écrites sont truffées de fautes d’orthographe. On parle généralement de ce type de trouble de l’apprentissage lorsque les problèmes apparaissent indépendamment d’un trouble intellectuel et/ou d’une difficulté apparente au niveau oral.
L’enfant peut donc être particulièrement prometteur à l’oral, mais une fois qu’on lui demande d’écrire, son orthographe est, selon la sévérité du trouble, plus ou moins catastrophique :
- Il saute des lettres, voire des syllabes ;
- Il inverse les lettres, voire les syllabes ;
- Il coupe les mots spontanément, à leur début, à leur moitié ou à leur fin ;
- Il n’écrit jamais un même mot de la même manière, il peut l’écrire correctement le jour précédent et s’avérer incapable de faire de même le jour suivant ;
- Il n’arrive pas à écrire plus vite même si la tenue du crayon est correcte, car l’encodage, très difficile pour lui, focalise toute son attention et lui prend beaucoup de temps.
Les signes de dysorthographie en primaire
La dysorthographie peut être repérée dès la classe préparatoire. Ses impacts sont remarqués au niveau de l’écriture de mots isolés pour commencer, puis dans des phrases et plus tard, dans les textes.
Les difficultés d’écriture de mots isolés
Lorsqu’on demande à un enfant dysorthographique d’écriture des mots isolés, il rencontre souvent les problèmes suivants :
- Il confond les lettres phonologiquement similaires. Ainsi, il peut arriver qu’au lieu d’écrire « sauter », il écrive « soter ».
- Il confond les lettres graphologiquement similaires. Ainsi, il peut arriver qu’au lieu d’écrire « papa », il écrive « baba ».
- Il oublie une ou plusieurs lettres dans un mot. Ainsi, il peut arriver qu’au lieu d’écrire « arbre », il écrive « abre » ou « arbe ».
- Il ajoute ou déplace les lettres dans un mot. Ainsi, il peut arriver qu’au lieu d’écrire « voiture », il écrive « votuire » ou « voituire ».
- Il coupe les mots de manière inappropriée, modifiant totalement leur sens. Ainsi, il peut arriver qu’au lieu d’écrire « pantalon », il écrive « ponta long ».
- Il colle les mots de la même manière, ce qui ne leur donne aucun sens. Ainsi, il peut arriver qu’au lieu d’écrire « un bonbon », il écrive « inbonbon ».
- Il écrit les mots selon ce qu’il entend, sans se conformer aux règles d’orthographe et de grammaire. Ainsi, il peut aussi arriver qu’il écrire « pin » au lieu de « pain ».
Les difficultés d’écriture de phrases
Qu’il s’agisse de copie ou de dictée, lorsque l’enfant souffrant de dysorthographie écrit une ou des phrases, voici ce qui se passe :
- Il omet des mots, ce qui prive la phrase de toute ou partie de son sens ;
- Il ne peut pas écrire correctement le même mot de la même manière ;
- Ses phrases, même courtes, sont rarement correctes.
- Il écrit et copie très lentement.
On remarque également chez les enfants dysorthographiques un développement de comportement d’évitement face à toute matière induisant des activités écrites (copie, écriture, dictée, etc.)
Les signes de dysorthographie en secondaire
La dysorthographie est un trouble durable et persistant. Si elle n’est pas décelée à temps, elle va empirer avec le temps et ses répercussions sur la suite des apprentissages seront d’autant plus graves. En secondaire ainsi, les lacunes en orthographe deviennent trop importantes :
- L’élève se révèle incapable de comprendre et de respecter les règles de position. Il peut écrire « gitare » au lieu de « guitare ».
- L’élève a de grandes difficultés à faire la différence entre deux mots phonologiquement similaires. Il peut ainsi écrire « mer » au lieu de « maire ».
- L’élève écrit tout bêtement les mots qu’il entend, comme il les entend. Il peut ainsi écrire « gato » au lieu de « gâteau ».
- L’élève est incapable de repérer les erreurs qu’il a faites et de les corriger par la même occasion.
Les signaux d’alerte en cas de dysorthographie chez les adolescents
Chez un adolescent, une dysorthographie non diagnostiquée et non traitée va provoquer :
- Une incapacité à réaliser des productions écrites (dissertation, commentaire de textes, résumé, etc.)
- Une incapacité à répondre à des questions par écrit (compréhension du texte, interrogation, etc.)
- Une incapacité à transcrire à l’écrit les leçons dictées par le professeur.
- Une incapacité à prendre des notes et à les relire.
L’élève aura, par ailleurs du mal à écrire rapidement. Sa vitesse d’écriture ne connaîtra que très peu de progrès les années passant, car il sera constamment retardé par le fait qu’il recherche toujours comment bien écrire le mot à chaque fois. Il peut donc mettre un temps fou à écrire une phrase et aura beaucoup de mal à mener ses devoirs à l’écrit à leur terme.
Comment réagir face à une dysorthographie non diagnostiquée ?
À noter avant tout que les symptômes cités ci-dessus ont été donnés à titre indicatif, ils ne peuvent en aucun cas constituer un diagnostic et bien moins le confirmer. La manifestation de la dysorthographie peut fortement varier en fonction des individus et de la sévérité du trouble.
En conséquence, si votre enfant présente un ou plusieurs des difficultés ci-dessus, cela ne signifie pas obligatoirement qu’il souffre d’une dysorthographie. D’autres troubles cognitifs peuvent également causer les mêmes symptômes.
La première chose à faire, si vous remarquez des difficultés en orthographe, est donc de consulter le médecin traitant de votre enfant. En procédant à quelques tests, il pourra éliminer certaines pathologies pouvant expliquer les troubles et confirmer le diagnostic s’il y a lieu. Si tel est le cas, il pourra vous rediriger vers d’autres spécialistes pour une rééducation et pour une meilleure prise en charge de la dysorthographie.