L’enfant souffrant d’un trouble du langage est forcément différent. Handicapé par son incapacité tant dans la compréhension que dans l’expression orale, des aménagements doivent être faits dans sa classe pour qu’il ait les mêmes chances, les mêmes possibilités et les mêmes atouts que les autres élèves de sa classe.
Dans l’article qui suit, nous vous invitons à découvrir des exemples d’aménagements scolaires adaptés à chaque matière et à chaque circonstance. Si vous êtes enseignant d’un enfant dysphasique, ces conseils pourront vous être très utiles.
Les aménagements à effectuer en général
Quelle que soit la matière, en cas de trouble du langage oral, vous devez adapter votre enseignement aux capacités de l’enfant. Cela implique un changement dans la manière :
- Dont vous communiquez avec lui : prendre la parole, donner les consignes…
- Dont vous lui enseignez : revoir les méthodes de travail, privilégier certaines activités plutôt que d’autres, etc.
- Dont vous le gérez : réprimander, reprendre ou apprécier un devoir, etc.
La communication adaptée en cas de trouble du langage oral
Dans le cas d’une dysphasie réceptive, la communication est très importante, car ce trouble se traduit par un déficit au niveau de la réception orale. Autrement dit, il se peut que l’élève dysphasique ne comprenne pas vos explications, ni les consignes que vous lui donnez. Pour remédier à cela, voici quelques idées d’aménagement en communication :
- Attirez son attention en jouant avec les intonations ;
- Gérez le débit verbal, en insistant bien sur les points importants ;
- Répétez plusieurs fois la consigne, quitte à devenir redondant sur ce qui est essentiel ;
- N’hésitez pas à utiliser la communication non verbale pour vous faire comprendre : gestes, mimiques, dessins, photos, pictogrammes, etc.
L’aménagement des méthodes d’enseignements en cas de trouble du langage oral
Le traiter comme n’importe quel élève de la classe ne fera qu’accentuer ses difficultés. Pour le mettre sur le même pied d’égalité que les autres, vous devrez le traiter différemment.
Comment ? En faisant des concessions :
- Ne le forcez pas, par exemple, à parler devant toute la classe s’il ne veut pas le faire ;
- De même, ne lui posez pas de questions ouvertes, qui l’amèneraient à développer. Tant que vous sentez qu’il n’est pas prêt, mieux vaut s’en tenir aux questions fermées où il devra répondre par un oui ou par un non.
- Permettez-lui d’utiliser des gestes, des mimiques, des photos ou des pictogrammes, si cela l’aide à communiquer et à faire comprendre ce qu’il veut dire ;
- Lorsqu’il prend la parole, n’hésitez pas lui donner des indices, à amorcer ses phrases ou à reformuler correctement pour qu’il n’ait pas à répéter lui-même.
- Laissez-le prendre des notes en carte mentale et en abréviations si cela est plus pratique pour lui.
Pour les devoirs et les leçons,
- Simplifiez toujours les consignes au maximum ;
- Ne donnez jamais plus d’une consigne à la fois ;
- Encouragez la production écrite s’il est plus à l’aise ;
- Adaptez votre mise en page en utilisant des codes couleur sur ce qui est important ;
- Associez chaque consigne à une image ou à un pictogramme pour être sûr que le message est bien clair.
Pour les notes et les évaluations,
- Notez principalement les compétences en mettant de côté les fautes dues à la dysphasie : acceptez par exemple les réponses si elles sont vraies, même si elles ne sont pas correctement écrites, exprimées ou rédigées.
- N’hésitez pas à lui accorder du temps supplémentaire pour terminer ses devoirs si vous pensez qu’il en a besoin ou bien allégez ses exercices à lui pour qu’il puisse terminer à temps.
- Soyez patient si malgré tout, il est plus lent.
Les aménagements adaptés pour chaque matière
Vous êtes sans doute le mieux placé pour le savoir, chaque matière ne s’exécute pas forcément de la même manière. Il faudra donc que vous prévoyiez des aménagements spécifiques pour certaines matières afin d’optimiser les chances de l’enfant souffrant de trouble du langage.
Les aménagements pour les matières littéraires
Pour les matières littéraires, qu’il s’agisse de Français ou d’une langue étrangère :
- Recommandez l’apprentissage de l’anglais, de l’italien ou de l’espagnol ;
- Lors des activités orales, encouragez la prononciation lente et bien distincte.
Pour les leçons et les exercices :
- Privilégiez les activités écrites ;
- Optez pour les dictées à trous ;
- Proposez des questions à choix multiples ;
- Limitez la longueur des copies, ne notez que les éléments principaux ;
- Évaluez le travail en fonction de la production et non de sa forme.
Les aménagements adaptés en cas d’arts plastiques
À noter que l’art est très important pour les enfants qui souffrent de trouble du langage oral, chez qui les difficultés de communication engendrent une grande frustration émotionnelle. Lors des activités d’arts plastiques en conséquence, privilégiez les thèmes libres afin de laisser libre cours à leur imagination, mais surtout à leurs émotions.
Les aménagements adaptés en cas d’EPS
Les activités physiques et sportives peuvent également aider l’enfant dysphasique dans la mesure où il a déjà et souvent recours au gestuel pour exprimer ce qu’il ressent et ce qu’il veut dire.
Pour les encourager dans ce sens, recommandez la pratique des sports de combat. Cela lui donnera l’occasion d’extérioriser la violence et l’agressivité qu’il a accumulées à cause de la frustration ressentie lorsqu’on n’arrive pas à se faire comprendre.
Le théâtre et la danse libre peuvent également être une très bonne alternative.
La conduite à tenir face aux autres élèves en cas de trouble du langage
Évidemment, les autres élèves se poseront des questions et se demanderont certainement pourquoi un élève en particulier bénéficie d’autant de traitements de faveur et pas eux. Pour éviter ce genre de réflexion, mais également pour aider les autres à comprendre, il est essentiel d’expliquer à la classe entière en quoi l’enfant dysphasique est différent et quelle est la nature de son trouble. Un climat de compréhension peut grandement aider l’élève concerné à s’intégrer.
L’objectif est de faire comprendre à tous les élèves que chaque personne est différente et qu’elles ont, chacune, leurs points faibles et leurs points forts. Pour établir et garder cet équilibre entre chaque élève, vous pouvez, par exemple, proposer des activités collectives, à deux ou en plusieurs groupes.